Soyons francs de prime à bord.

Je suis loin d’être un fan de Chris Brown, ainsi que de son genre musical et de la culture que lui et ses semblables propagent sous nos tropiques.

Ou, pour parler comme les jeunes, je suis tout simplement un « hater » .

Et je l’assume.

Surtout si on définit un « hater » comme un individu qui déteste l’influence malsaine de Chris Brown et ses semblables sur la façon de s’exprimer, de se vêtir et de se comporter de ces adolescents, ces jeunes qui l’ont érigé en quasi divinité, tout comme que ces adultes refusant de vieillir.

Allez, ‘let’s keep it real’, commme on disait dans notre jeunesse : je suis et je resterais un « hater » tant et aussi longtemps qu’on nommera ainsi tout individu écoeuré par le laisser aller lyrical, le manque de vocabulaire et le recours quasi systématique à la vulgarité du RnB et du Hip Hop, genre dont Chris Brown est l’un des meilleurs représentants.

Enfin, je suis un « hater », et fier de l’être, surtout lorsque je suis dégouté en écoutant ces individus faire l’apologie de comportements à risque, en saupoudrant le tout d’une forte dose de mensonge et de rêve .

Cela dit…ce n’est pas la raison pour laquelle je vais parler de Chris Brown dans la suite de cette chronique en tant ‘produit’. Je n’ai ressenti aucune forme de joie ni de soulagement lorsque j’ai appris que le concert de Chris Brown à Abidjan n’a pas vraiment attiré les foules. J’ai écouté les quolibets et les moqueries sur le sujet, sans y participer. Suite à l’évènement, je ne me suis pas précipité  vers mon ordinateur pour pondre un billet à la prose assassine ou des tweets vengeurs, comme l’aurait fait tout ‘hater’ se respectant .

Non.

Car je suis plus proche du ‘hater constructif’ (expression sous licence CC-BY). Je vais au délà de la critique, pour tirer des leçons et proposer des solutions que du simple hater habitué à la critique non constructive (autrement connu sous nos cieux sous le nom de penseur/philosophe/intellectuel  de salon et de bar-maquis).

L’approche du ‘hater constructif’ sera donc de mise pour la suite de ce billet. Cela permettra de faire une analogie entre le manque d’affluence pour voir Chris Brown (et ce en dépit du fait qu’il soit une star internationale et que l’entrée du concert soit passée de 50 000 à 15 000 F avant de devenir gratuite ) et le manque d’intérêt (en dehors de la communauté web) pour des idées que je vois fleurir ça et là sur le web ivoirien . Il y a là une leçon importante à tirer pour ceux qui ont prévu de se lancer en 2013 dans les affaires sur le web.

Je n’ai, bien sûr, aucunement la prétention de donner de leçon à qui que ce soit (car j’ai encore beaucoup à apprendre) mais je pense que l’échec de concert illustre l’utilité d’une notion de base en marketing qui me semble être soit ignorée, soit bâclée par beaucoup sous nos cieux :

 

L’étude de marché

 

En effet, partir sur la base de mon produit étant le meilleur, il se vendra tout seul est une erreur d’appréciation (tout comme se lancer en affaires en décidant d’être le meilleur ou celui qui n’utilise que les technologies les plus récentes). A mon avis, bien que la qualité du produit et des services qui y sont liés constituent une part non négligeable des facteurs à l’origine de son succès, les aspects relatifs à la planification avant la mise en marché ne sauraient être négligés.

Autrement, peut importe la qualité de votre produit, il faut éviter de pécher par excès de confiance. Pour revenir à notre exemple, ça été làété l’erreur commise par les organisateurs du concert de Chris Brown. Ce jeune homme est certes une star, dont le talent et la renommée ne sont plus à démontrer, mais il aurait été mieux avisé de passer l’idée de le faire venir à Abidjan à la lumière des 4 questions ci dessous :

  • Qui sont les clients potentiels ? Qui viendra assister au concert ? Quelles sont leurs habitudes d’achat de ces clients ? Est ce que leur budget leur permet de s’offrir un sésame d’entrée à 50 000 FCFA, voire plus ? Est ce qu’en fixant un prix plus raisonnable (pour ce que j’en sais, les tickets d’entrée pour les concerts en Côte d’Ivoire coûtent tout au plus 20 000 FCFA) , il n’y aurait pas eu plus de places vendues ?
  • Quelles sont les tendances du marché ? Est ce que la popularité sous nos cieux de Chris Brown n’a pas été surestimée, par rapport à celle de Lil Wayne ou encore de DJ Arafat ?
  • Quel est votre positionnement ? Est ce un concert VIP, un concert pour la jeunesse ivoirienne ou une grand’messe populaire pour célébrer la paix ?
  • Qu’est ce qui permet de vous démarquer de vos concurrents ? est ce que Chris Brown présentera un titre inédit en featuring avec un rappeur local ?

De mon point de vue, tout projet d’affaires devrait être soumis à ces 4 questions , afin d’améliorer vos idées de business et allez chercher, si besoin est, les informations sur le marché qui permettront de mieux le positionner, le démarquer des concurrents, proposer un service/produit adapté aux concurrents et tenant compte des tendances du marché.

Mais ceci n’est que mon humble avis sur le sujet.

Jean Luc Houédanou