A la faveur d’une actualité récente, le champ de mon vocabulaire relatif à la cybercriminalité ( comprenant des termes tels le “love”, la “lettre nigériane” et autres) s’est enrichi d’un nouveau terme, en l’occurence l’arnaque à la zaïroise. Je vais donc vous expliquer le fonctionnement de cette escroquerie .

On peut parler d’arnaque à la zaïroise lorsqu’un individu X réussite à convaincre un individu Y de lui faire un virement , en utilisant des motifs fallacieux . L’arnaque se produit au moment où l’individu Y se rend compte que l’individu X a utilisé une fausse identité pour ouvrir le compte où a été effectué le virement bancaire et que l’individu X a disparu dans la nature (entendez par là est venu faire la java dans les boîtes de nuit et les maquis) une fois son forfait achevé.

Pour faire simple, voici une variante d’arnaque à la zaïroise :

Le représentant d’un grand groupe (le plus souvent européen) est contacté par un “dirigeant français d’un grand groupe français ” qui souhaite obtenir un service. En effet, le “dirigeant français d’un grand groupe français ” est dans une situation difficile, du fait que ses liquidités sont momentanément indisponibles pour une raison ou une autre (contrôle fiscal, découvert menaçant les actifs de l’entreprise, piratage des serveurs de la comptabilité … ) et il est poursuivi par un créancier basé, je vous le donne en mille, en Côte d’Ivoire (ou au Zaïre).

Notre “dirigeant français d’un grand groupe français ” a donc besoin d’un (gros) prêt , qu’il promet de rembourser dans les plus brefs délais (avec, si possible, des intérêts). Il va donc déployer tout son arsenal d’éloquence et son talent d’argumentation pour convaincre son interlocuteur qu’il gagnera beaucoup (au sens littéral et figuré de l’expression) à le sortir de ce mauvais pas, en effectuant un ou plusieurs virements sur le compte du fournisseur ivoirien.

Dans la plupart des cas, le représentant du grand groupe raccroche le téléphone . En riant, soit parce qu’il a lu mon blog (ce qui fait de lui un dirigeant éclairé) soit, hypothèse plus probable, il sait qu’aucun homme d’affaire digne de ce nom ne traite de sujets aussi importants au téléphone.

Toutefois, certaines personnes étant soit enclines à faire confiance à tout le monde soit motivées par l’appât d’un gain facile –i.e. les intérêts – , elles pourront demander au “dirigeant français d’un grand groupe français ”  de confirmer son identité et l’existence de son groupe. C’est à ce moment que le “dirigeant français d’un grand groupe français ” fera jouer ses talents de faussaires en envoyant à son interlocuteur plusieurs documents contrefaits, avec des en têtes, une signature et plusieurs autres caractéristiques qui leur donneront un air tout à fait officiel et crédible.

Alors convaincu, le représentant du grand groupe donnera alors un ordre de paiement vers le fournisseur ivoirien, non sans oublier de prévenir notre “dirigeant français d’un grand groupe français ” –  qui vous l’aurez deviné, est le complice d’une bande de cybercriminels ivoiriens, capable de parler avec un accent français qui ferait croire à quiconque qu’il est entrain de s’adresser à un digne descendant des gaulois .

Ce dernier le remerciera et insistera sur le fait que ses fonds et les intérêts liés seront remboursés au plus vite (dans 2 ou 3 jours). Bien sûr, quelques jours après, le représentant du grand groupe ne recevra aucune notification de dépôt. Il ira donc aux informations et se rendra compte qu’il est impossible de retracer de retrouver les fonds “prêtés” ainsi que les transactions : le numéro est en fait un numéro soit désactivé soit un transfert d’appel vers…un numéro ivoirien (lui aussi inactif) . Qui plus est,, le compte du fournisseur, qui a été ouvert avec de faux papiers, sera à cet instant aussi plein que mon mug à café après une longue nuit de code.

Autrement dit, le représentant du grand groupe aura été victime d’une arnaque à la zaïroise en bonne et due forme.