Je viens de tomber sur un billet dénommé “Le guide de survie de la communauté web ivoirienne” , qui m’a fait bien sourire – mieux, j’ai même ri en lisant la section #3 de ce billet , où l’auteur mentionne les VIH et leurs victimes, les “poétesses” . 
Pour ceux et celles qui n’auraient pas le temps de le lire le billet – allez quoi, faites un effort, c’est un article fort intéressant – en voici un résumé :
  1. Il ne faut compter que sur soi même;
  2. Les amitiés se font (et se défont) en fonction des intérêts;
  3. Il ne faut pas se fier aux apparences ;
  4. Il faut être déterminé, travailleur et créer sa propre personnalité;
  5. Il faut rendre coup pour coup;
  6. (Il y a quand même ) des gens bien dans la communauté web ivoirienne

Ce n’est pas la première fois que je peux lire – ou entendre – les récriminations d’un membre de la communauté web ivoirienne contre … sa communauté . J’ai, par exemple, été marqué en fin d’année dernière par le long post – probablement supprimé depuis-  sur son profil Facebook du créateur d’un réseau social ivoirien . Les mêmes maux y était décrits : on n’y trouve personne sur qui compter, fausseté et coups bas seraient la règle du jeu .
Ce fameux problème de la “communauté web ivoirienne” est, à mon avis, moins en lien avec la présence au sein de la communauté web de personnes mal intentionnées qu’avec les attentes, souvent irréalistes, de bon nombre de membres de la communauté ivoirienne par rapport à leur engagement au sein de la dite communauté.  Beaucoup tombent dans le piège de penser comme un militant dans un mouvement de jeunesse ou dans un parti politique, qui s’attend à être récompensé ou à avoir la considération des  dirigeants du parti/du mouvement par rapport à son implication et son dynamisme dans les activités du dit parti.   Ce n’est pas nécessairement leur faute, ceci étant dit : le fait est que, sous les tropiques, être actif au sein d’un parti peut faire de vous un homme influent, même si vous ne le méritez pas mais que vous avez su vous faire voir en bien par les instances dirigeantes . En d’autres termes , les compétences de l’individu, ainsi que ses diplômes comptent moins que ses relations.
Ce n’est pas le cas ici : par exemple, vous pouvez assister à tous les rassemblements dédiés à la 3d sur les bords de la lagune ébrié, être “passionné” par le sujet (entendez par là, retweeter toutes les infos sur les derniers développements de la 3D) mais si vous êtes incapable de réaliser un simple modèle sur Blender, personne ne vous prendra sérieux.
Bienvenue dans un monde à part sous les tropiques : Ici, vos compétences et/ou votre génie comptent plus que tout autre chose . La vie de la communauté et les relations qu’on y tisse sont une chose. La capacité, basé sur les compétences à notre disposition, de mettre à profit ses relations en est une autre . Qui plus est, le web est démocratique, et il n’existe pas d’ordre social immuable au sein d’une  “communauté web”  : à force de travail et d’effort, les prolétaires et les plébéiens peuvent devenir des patriciens. Les exemples sur le sujet sont légion dans le web ivoirien.
Enfin, appartenir à la “communauté web ivoirienne” n’est pas une condition sine qua non de succès :  je connais plus d’un travailleur du web n’ayant  en cure de ses activités , n’ayant jamais mis le pied dans un rassemblement technologique, ce qui ne l’empêche pas de gagner très bien sa vie.
Ceci étant dit, on croise des gens fort sympas dans la communauté web ivoirienne : il serait dommage de s’en priver. Il faut la considérer à sa juste mesure.

Jean Luc Houedanou