Ma génération est « connectée » et ma génération ne prend pas le temps de vérifier les faits . Par conséquence, le moindre article sensationnaliste trouvé sur le net par ma génération est partagé sur les réseaux sociaux sans être vérifié.

Pour preuve, certains pensent qu’il neige dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire.

Un autre exemple patent de cet état des choses est le nombre impressionnant de partage de l’article intitulé Younger generations are growing horns in the back of their head qui affirme :

“Younger generations seem to be developing horns in the back of their skulls due to the extended use of technology like smartphones and tablets.”

Les jeunes générations semblent développer des cornes à l’arrière de leur crâne en raison de l’utilisation prolongée de technologies telles que les smartphones et les tablettes. »

Encore une fois, ce …. torchon … restons poli, est, à l’heure où j’écris ces lignes, partagé et repartagé à tout va.

Pire, chaque status/tweet/partage est assaisonné à chaque fois à une sauce différente par ceux et celles qui ont envie de briller en société . Et très franchement, je n’ai ni le temps, ni l’énergie de lister ici toutes les énormités et théories du complot que j’ai pu lire sur le sujet.

Sauf une.

Je cite :

le “smartphone est un outil du diable .”

(un tweet illustrant par l’article… et envoyé depuis un iPhone).

J’espère que son auteur faisait de l’humour. Plus sérieusement, intéressons un peu à la …

La vérité

Votre smartphone ne fera pas pousser une corne à l’arrière de la tête., A Unix Mind In A Windows World

L’auteur de l’article cite une une étude scientifique publiée en février 2018 afin de donner un semblant de crédibilité à son article.

Cependant, lorsqu’on prend le temps de lire cette étude (même en diagonale), on se rend compte des chercheurs de l’université de Sunshine Coast ont, certes, découvert un phénomène particulier – l’apparition d’un os à l’arrière du crane chez les jeunes adultes .

Mais ils expliquent ce phénomène par des problèmes de posture qu’on retrouve chez les jeunes australiens. L’une des causes de la mauvaise posture des individus composant l’échantillon est pro-ba-ble-ment (ce mot est important) à cause de l’utilisation des téléphones portables (pour envoyer des sms, surfer le web, etc.).

Autrement dit, il n’y a pas de lien direct entre l’utilisation d’un smartphone, d’une tablette et l’apparition d’une excroissance à l’arrière du crâne.

Le pire dans toute cette histoire est que cela a été repris par beaucoup de rédactions en ligne .

Personnellement, je trouve que détourner la science pour chercher la viralité est tout à fait contraire de tout ce que devrait être le journalisme sérieux.

Arrêtez donc, s’il vous plaît, de partager cet article.

Jean Luc Houedanou