L’africain aime le bruit, A Unix Mind In A Windows World

Ci dessous un aperçu de l’ambiance … festive qui m’a accueilli ce matin au bureau:)

Pour comprendre le billet qui va suivre, il faut garder 6choses à l’esprit :
  1. Il est 09h40 lorsque je filme cette vidéo;
  2. Nous sommes à Cocody Centre, un quartier relativement calme;
  3. Personne dans les environs n’a été prévenu et en dépit de ce qu’on pourrait penser, le système de sonorisation se trouve à plusieurs mètres de l’endroit où je filme – ce qui ne l’empêche de cracher ses décibels dans le voisinage ; 
  4. Nous ne sommes ni à la Rue Princesse, ni aux milles maquis, mais en plein Cocody Centre
  5. Il s’agit d’une PLV pour un fournisseur d’accès à Internet – dont je tairais le nom, parce qu’avec des méthodes pareilles, il ne mérite que mon plus haut mépris  
  6. Ai-je précisé que nous sommes en plein Cocody centre ? soit un quartier relativement calme où on peut trouver des bureaux et des agences remplis d’adultes , entendez par là des personnes qui occupent leurs journées en faisant des activités productives;

Maintenant que ces quelques précisions ont été faites, laissez moi donner mon point de vue sur la situation : Ce n’est pas de la nuisance sonore. Mais non…ce concept n’existe pas sur les bords de la lagune ébrié, où la meilleure manière de vendre ou de présenter un produit, peu importe ses qualités ou ses défaut, est de faire du bruit.

Qui plus est, les africains aiment le bruit.

Prenez n’importe quel service, concept ou produit, gommez ses défauts,  rajoutez du bruit à volonté et vous serez étonné de voir le point auquel certains mettront de côté leur esprit critique et leur capacité d’analyse . Lorsqu’il s’agit de prendre une décision d’achat relativement à un produit et un service, les impulsions prendront le pas sur la raison tant et aussi longtemps que le service ou le produit est présenté en musique (du genre bruyante , la musique).

Prenez l’exemple de Fanico, d’Epiq, de Chipsy, de Y’ello… et la liste est encore longue… Dans chacun des cas précédemment évoqués, bon nombre de personnes qui ont choisi ces produits ou ces services l’ont fait parce que la chanson les accompagnant était restée gravé dans leur esprit et non parce que, par exemple, Fanico lavait plus blanc qu’OMO ou Chipsy avait un meilleur goût de Pringles.
C’est d’ailleurs là la raison pour laquelle bon nombre de publicités diffusées sur la télévision nationale font la part belle à la forme (musique bien évidemment, mais aussi animations 3D, images soignées,  musique et – tendance inquiétante – jeunes filles de plus en plus dénudées), plutôt qu’au fond, en l’occurrence l’offre de valeur accompagnant le produit ou le service.

Le dit fournisseur d’accès à Internet semble avoir compris cette réalité.

C’est la raison pour laquelle en lieu et place d’une action sur le terrain plus efficiente –  i.e distribuer des flyers présentant les avantages de son offre relativement à celle des concurrents – il applique ici la formule pour vendre son produit.
On mettra donc de la musique urbaine ivoirienne à fond (si tant est qu’on puisse qualifier ce vacarme de musique … ), le logo de la société, des animateurs/griots à l’élocution douteuse, non sans oublier les donzelles perruquées de rigueur, celles qui s’habillent deux tailles en dessous de leur taille, histoire d’appâter l’internaute moyen. Il est clair que vu sa relation au bruit, le passant prendra,au pire ,  un flyer et, au mieux, achètera un produit ou un service de la société. Sans s’inquiéter du débit, de la qualité de la connexion ou encore des formules proposées.
En ce qui me concerne, je n’ai vu aucun ordinateur démontrant la prétendue vitesse de la connexion. Par contre, j’ai bien entendu la bande son de la PLV.
Preuve en vidéo

Jean Luc Houedanou