Le Buzz à tout prix et ses conséquences sur le contenu de qualité (en Côte d’Ivoire), A Unix Mind In A Windows World

Lecteur, lectrice, permets moi de m’éloigner un peu de la ligne éditoriale de ce blog.
Si tant est que j’en ai une.
On va être un peu plus sérieux que d’habitude aujourd’hui.
Ce billet sera “la minute responsable de Jean Luc Houedanou”.
Ou plutôt “la minute où Jean Luc Houédanou perdit 80% à jamais de son lectorat agé de 14 à 25 ans ” 🙂
La raison de cette sortie est l’avenèment d’une …ahem…enième “sextape made in Abidjan”, qui vient porter à …beaucoup trop … le compteur des vidéos indécentes réalisées, distribuées via forums, facebook .Il est en soi triste que des personnes ayant dépassé l’âge de raison depuis belle lurette ignorent qu’une pièce où il y a une caméra (ou un appareil photo) est une pièce où il faut garder ses vêtements.
Mais bon, c’est leur droit de faire ce qu’ils veulent d’eux mêmes et de leur temps libre. Il est triste que des adultes ignorent que l’intimité est un bien fort précieux, qui ne doit pas être bradé au premier venu, surtout si ce dernier a des ambitions de réalisateur de film porno. Mais ils sont libres de faire comme bon leur semble.
Et puis de toute façon, ils assumeront les conséquences de leurs actes, comme le font les autres adultes… …A moins qu’ils aient recours à l’excuse des “sorciers du village/méchants jeteurs de sort / esprits maléfiques les ayant envoutés via les réseaux sociaux, ce qui les a conduit à poser des actes repréhensibles”…oui, en Afrique, tout ce qui arrive est la faute des sorciers du village et des esprits maléfiques 🙂
Mais il est encore plus triste que le fruit de leurs oeuvres soit parmi les contenus les plus partagés sur le web ivoirien, par monsieur/madame tout le monde, le blogger lambda et les webmestres de sites d’information plus ou moins côtés … dans le seul et unique but de “faire le buzz” (i.e accroître la popularité ou le nombre de visites de son compte/son site web/sa chaîne youtube.)
Oui, nous en sommes à ce niveau de misère morale. Plutôt que de mettre l’accent sur la production de contenu de qualité ou de republier des bonnes nouvelles telles la création du premier rpg africain, ou les robots made in congo qui règlent la circulation (on aurait bien besoin ici) , on “buzze” dans le mauvais sens du terme, outrepassant des concepts propres à notre culture africaine, tels la décence et le respect de soi et d’autrui.
Il faudra, à un moment ou un autre, prendre le temps de se poser une simple question : Qu’est ce que la propagation de contenus pareils apportent de positif à l’image, déjà fort écornée, de la Côte d’Ivoire, et en particulier d’Abidjan, sur le web ?
Je t’invite à y réflechir, lecteur, lectrice. Prends en considération ce simple fait : pour l’instant, la Côte d’Ivoire, sur le web c’est souvent

  • les vidéos youtube d’artistes – le mot est fort – s’injuriant via compte youtube interposés quant ils ne sont pas occupés à chanter dans une langue qu’eux seuls comprennent;
  • les vidéos de jeunes ingénues en démonstration de formes plus ou moins évolues de mapouka – car oui, le twerk et ses succédanés sont, à mon humble avis, une énième manifestation de cette manie, d’ailleurs fort inquiétante, qu’ont les jeunes femmes à ramener la danse contemporaine à des mouvements du bassin et du fessier ; 
  • moult vidéo et photos d’éléves, étudiants, professeurs, employés dans des positions compromettantes, 
  • sans oublier les illustrations des “exploits” de nos amis les brouteurs.

Il y a fort à parier que d’ici 2 à 3 ans, le “buzz” aura phagocyté ce qu’il reste de positif en matière de contenu made in côte d’ivoir. Tous les signaux positifs envoyés – apps android, courts métrages, photographies et oeuvres d’arts  et j’en passe – publiés par ces internautes ivoiriens ou vivant en Côte d’Ivoire et ayant des centres d’intérêts plus haut que leur ceinture iront se perdre dans un vaste océan de médiocratie.
Peut être cas qu’à ce moment, on se décidera peut être à partager autre chose que notre misère morale, le manque de culture de nos soi disants artistes et les fruits du manque de repère (et de baffes) de cette jeunesse.