Je suis depuis quelques jours le feuilleton épistolaire entre un salarié de RIM (le fabricant canadien des terminaux mobiles Blackberry) et la direction de RIM. 
Pour résumer,  il s’agit d’un salarié qui analyse d’une manière étonnament froide la perte de vitesse de RIM.

  • Il met en avant le fait que RIM doit (de préférence maintenant) innover et créer un nouveau standard en matière d’expérience utilisateur . 
  • Il qualifie  les kits de développements en des termes que ma bonne éducation permet de reprendre (ce qui expliquerait pourquoi Seesmic a annoncé son retrait de blackbery)
  • Il parle aussi du design dépassé des produits, et des interfaces (ce qui se vérifie avec le blackerry torch, aussi bien en termes de design que d’interface utilisateur).

(note personnelle : il aurait dû parler du fait que le playbook, présenté comme le sauveur de RIM, n’a pas d’application native d’email. Mais bon, qui voudrait vérifier ses emails sur un blackberry ?)

Réponse immédiate de RIM à cette lettre
“nous doutons de la véracité de cette lettre”
“nous sommes en phase de transition”
” nos ventes ne sont en baisse qu’aux Etats Unis”
“mais nous prenons au sérieux cette question.”

ok…J’ai appris à l’école qu’une entreprise qui instaure une culture de l’amélioration continue basée sur la rétroaction a de fortes chances, toutes choses étant égales par ailleurs, de connaître le succès . 
J’ai ensuite appris à l’école de la vie que bien peu de dirigeants sont capables d’accepter un feedback allant à l’encontre de leurs décisions : dans beaucoup de cas de figure, l’employé pensant bien faire se voit renvoyer ses arguments à la figure, accompagnés des dogmes des dirigeants :
 ”vous savez , nous savons ce que nous faisons”
“il y a des enjeux dont vous ne saisissez pas l’importance, mon vieux”
 ”nous prenons en considération votre feedback”
Nul besoin de préciser que plusieurs de ces dirigeants ont dû ensuite revoir leur copie (L’arrogance ne paie qu’en marketing.)
Personnellement, je n’ai pas la prétention de donner à RIM des conseils sur sa stratégie . Qui plus est, je sais personnellement, qu’il est très facile de trouver des tares à une compagnie ou une personne qui traverse une période difficile, surtout lorsqu’on est étranger à la dite compagnie.
Mais, lorsqu’on passe derrière Microsoft (! )et que les développeurs vous fuient, il est peut être temps d’éteindre la machine à produire de l’arrogance et de passer en mode “écoute des employés” . Ils peuvent vous aider à innover, ce qui est important dans le monde technologique.

Jean Luc Houédanou