Aujourd’hui, je dois me confesser…
Cette semaine, j’ai passé un temps considérable sur Twitter, Facebook et Reddit à la recherche de nouvelles fraîches sur les attentats du marathon de Boston, et sur les éventuels auteurs de ces attentats. J’ai, comme bon nombre de personnes, pris pour argent comptant les conclusions de « l’enquête » menée par plusieurs internautes : sur la base d’une identification crowdsourcée, il a été conclu par facebook, reddit, twitter et certaines rédactions web que les suspects étaient Mike Mulugeta et Sunil

Bien sûr, c’était avant que soit rétablie la vérité et que soit révélée au public l’identité des vrais suspects : les frères Tsarmaev, identifiés eux par des experts sur la base d’un réel travail d’investigation.
Il n’empêche que pendant une demi journée, deux pauvres internautes innocents avaient été livrés à la vindicte (entendez par là posts écrits au vitriol) d’autres internautes, grâce à d’autres internautes .

Reconnaissons le, cette semaine, j’ai fait l’erreur d’oublier que les forums, twitter, facebook et tout autre média web fournissent des informations qui ne sont pas toujours vérifiées ou qui ne sont le fruit d’investigations poussées. J’ai été pris dans le flux incessant de nouvelles : il m’a été impossible de prendre du recul et de considérer les éléments d’informations de twitter, facebook et cie pour ce qu’ils sont réellement, des pistes, des indices pouvant servir à des investigations plus poussées en vue de vérifier leur véracité.

Entendons nous bien, je ne suis pas entrain de dire l’information crowdsourcée n’a pas de valeur et ce qui la produisent devraient mieux connaître leur place. Ce serait là jeter le bébé avec l’eau du bain, mais surtout aller contre ce qui semble être l’évolution logique du journalisme. En effet, à mon avis, les derniers développements de l’actualité seront de plus en plus illustrés grâce à des tweets, des messages facebook et des clichés instagram (avec l’autorisation de leurs auteurs, cela va sans dire), et non par des clichés et des compte rendus de journalistes professionnels, les murs de la salle de la rédaction n’existant plus réellement et toute personne possédant un smartphone étant un reporter photo potentiel . C’est un fait que personne ne peut nier : grâce aux nouvelles technologies, tout le monde est à même de participer au processus de création de nouvelles.

Je dis juste ceci : il faut être prudent vis à vis des informations véhiculées via les réseaux sociaux. Surtout lorsqu’on est journaliste. On a tous en mémoire le triste épisode de  » l’attaque de Cap Nord « , où des rédactions web ont fait des gros titres et tiré des conclusions hâtives, et accessoirement, entretenu la psychose,  sur la simple base des conclusions un peu hâtives d’un ou deux twittos ivoiriens. L’identification de suspects est un travail de policier. Le journalisme d’investigation est un travail de journaliste . En tant qu’internaute, vous pouvez et vous êtes appelé à les aider, mais en aucun cas à vous substituer à ces derniers.

Jean Luc Houédanou