3 conseils pour … faire du e commerce, sans Paypal (en Côte d’Ivoire), A Unix Mind In A Windows World Selon le rapport «  Security Threats to Business, the Digital Lifestyle, and the Cloud» ( disponible ici), l’Afrique est entrain de devenir un paradis pour la cybercriminalité. Il n’est donc pas étonnant que les instances dirigeantes de Paypal soit peu enclines à l’idée d’autoriser la création de comptes depuis certaines contrées africaines où prolifèrent ( en dépit des efforts des autorités et des acteurs technologiques locaux ) les cybercriminels .
Sans vouloir jouer l’avocat du diable, je suis du même avis qu’eux.
Le fait est que dans des pays à fort taux de cybercriminels comme la Chine ou la Russie, les cybercriminels évitent de se faire voir : les forces de la loi et les forces de l’ordre y travaillent de concert pour créer un climat stressant pour tout cybercriminel y vivant, raison pour laquelle ils évitent d’opérer à visage découvre. Qui plus est, de façon générale, ils sont perçus comme ils devraient l’être : des individus déviants et infréquentables.
La réalité est tout autre ici .
D’une part, les cybercriminels sont plus ou moins inquiétés par les conséquences de leurs actes : la police cybercriminelle fait un travail excellent, mais le contexte aidant, ces gens ne craignent pas la loi et l’ordre et tendent plutôt à la défier . Pire, certains d’entre eux exhibent leurs exploits en ligne, sont le sujet des louanges de certains « artistes » (oui, je parle bel et bien des DJs), quant d’autres réussissent à se faire prendre en photo avec des ministres . D’autre part, ils sont perçus comme des robins de bois locaux, réparant le tort causé à l’Afrique lors de l’esclavage en faisant « payer l’homme blanc » (quand la meilleure façon de se venger serait de réussir aussi bien que lui, et ce de façon honnête…).
Or, avoir une alternative valable à Paypal permettrait à bon nombre d’entreprises locales de vendre plus, de faire un meilleur chiffre d’affaires, d’employer plus de jeunes à la recherche d’un premier emploi, d’avoir un niveau de ressources suffisant pour sortir de l’informel et ainsi renforcer le tissu économique ivoirien. Sans compter les avantages liés au e commerce – une communication plus directe avec le client, une meilleure gestion des stocks (car basée sur une demande réelle) et enfin la possibilité d’atteindre un plus grand marché que celui se trouvant dans sa sphère géographique, et ce , à moindre coût – qui en feraient des entreprises suscitant un certain dynamisme au niveau local.
Mais le fait est que trouver une alternative de paiement électronique à Paypal est difficile, voire impossible. En effet :
  • Les fournisseurs ivoiriens de plateforme de paiement électronique proposent des formules à des prix tout sauf compétitifs.
  •  La commission sur transaction sont, dans bon nombre de cas, bien plus élevées que ce à quoi Paypal nous a habitué. 
  • Les solutions de paiement en ligne des telcos ivoiriens pourraient constituer une alternative valable et à la portée des PME . Cependant, leur processus d’obtention est inutilement complexe :  là où Paypal vous demande de confirmer une identité bancaire via un dépôt , on vous demandera de fournir mille et un documents, mais surtout d’être patient – le temps de traitement de votre dossier pouvant varier en fonction de l’humeur de votre interlocuteur.
  • Enfin, il est difficile d’obtenir un partenariat avec l’une ou l’autre des compagnies de télécommunication ivoirienne sans être dans les petits papiers de personnes influentes au sein de ces compagnies.
C’est dommage, mais cela ne doit pas, à mon avis, être un frein à l’utilisation du e commerce par les PME ivoiriennes. Il s’agit de contrariétés parmi tant d’autres, et le e commerce étant une opportunité d’expansion pour tous, il serait dommage de la laisser passer à cause de contraintes propres à notre environnement. 
D’autant plus qu’il est tout à fait possible de développer un modèle de e commerce adapté au contexte enoncé ci dessus. Cela dit, toutes les suggestions qui vont suivre sont soumises à une condition : la disponibilité ou non d’Internet dans la zone de résidence de votre client cible . C’est un facteur sur lequel vous avez peu ou prou de contrôle, malheureusement. En ce qui concerne , assurez vous d’avoir des visuels de bonne qualité, des fournisseurs et une infrastructure qui vous permettra d’être réactif et priez pour que les telcos locaux fassent preuve de bonne volonté en ce qui concerne la qualité et le coût de leurs services

#1. Présenter les avantages liés au e commerce

Il y a eu , de façon volontaire ou non, dès le départ comme un manque de communication sur les avantages du e – commerce . A l’heure où j’écris ces lignes, à Abidjan, monsieur et madame tout le monde n’est pas au courant de ceux ci : obtenir exactement le produit qu’il désire, économiser en frais de transport, pouvoir comparer les prix des produits… Selon mes observations personnelles, on a assimilé, à tort, l’achat en ligne à un signe ostentatoire de richesse, réservé à une certaine élite ayant accès à Internet :

  • Les visuels présentant des plateformes de produit en ligne montrent des scènes qui ont eu lieu dans les beaux quartiers d’Abidjan;
  • Les campagnes de communication se limitent, elles aussi, à ce côté d’Abidjan;
  • Les campagnes présentant les paiement via mobile font toujours intervenir des acteurs s’exprimant en roulant les r et alignant les « euh…ben oui », comme on l’habitude de le faire les abidjanais des 2 plateaux et de Cocdy.

Qui plus est, le fait que les moyens de paiement en ligne ont des coûts rédhibitoires renforcent cette mauvaise conception de la chose. Comment renverser la vapeur ? De la plus simple des manières :

  • dans la section e commerce de votre site web, prenez le soin de réserver un ou deux paragraphes (le plus court possible, et avec des illustrations parlantes) sur les avantages.
  • Publiez sur vos réseaux sociaux les témoignages de clients satisfaits, montrant les économies qu’ils ont réalisés en passant par votre plateforme .
  • Si vous en avez les moyens, faites des infographies , des animations montrant ce que le client lambda gagne à utiliser votre plateforme de e commerce.
  • Les mots clés ici doivent être : « économies » , « gain de temps ».
  • Et mettez l’accent sur le fait que tout cela peut être fait de chez soi et sans avoir à affronter les aléas de la circulation à Abidjan.
A mon avis, cela devrait suffire à convaincre notre cible – monsieur/madame tout le monde- qu’acheter en ligne est dans son intérêt.

#2. Mettre l’accent sur le paiement à la livraison

Une fois le client intéressé, il vous demandera sûrement « C’est intéressant. Mais je n’ai ni carte de crédit, ni carte bancaire, ni carte visa/mastercard , ni compte orange money/flooz/wari/mobile money. Comment je peux payer mes achats ? » .
Ne lui répondez pas surtout pas « commandez en ligne, et payez au magasin » . Ce faisant, vous ramenez votre section e commerce au simple rôle de catalogue en ligne. 
Il faudra intégrer dans votre cycle de vente un processus de livraison directe au client , que vous présenterez par le biais d’une formule engageante, telle :   « obtenez vos biens dans les plus brefs délais sans carte bancaire »  . Il va sans dire qu’un tel système nécessite une gestion rigoureuse de vos stocks et un effort d’investissement dans un moyen de livraison, ne serait ce qu’une mobylette.

#3. Étendre votre catalogue aux produits les plus courants

Enfin, ne faites pas l’erreur de limiter votre offre de produits en ligne aux produits high tech et informatiques . A mon avis, si vous mettez en application les deux conseils présentés plus haut , vous pouvez vendre tout et n’importe quel produit sur votre site web, de la tomate au pot de défrisant , en passant par le sac de pommes de terres .

En conclusion, ne laissez pas le contexte vous arrêter : le e commerce vous permettra de vendre moins cher et de façon plus directe à vos clients et ainsi obtenir un avantage concurrentiel indéniable.
Le bal est ouvert. Entrez dans la danse.